Je ne sais pas où je vais, oh ça je ne l'ai jamais bien su... Et si jamais je le savais, je crois bien que je n'irai plus... quoi que... Il y a de ces expériences où l'on s'en prend plein la gueule et où l'on y prend goût ! Un peu comme ce projet quelque peu ambitieux de ralier le village de cachora à ollantaytanto en passant par chokequirao et le machu picchu, soit plus de 150 bornes dans les andes, la jungle, la steppe tartare, les petits ponts instables où au milieu coule une rivière pas tranquille, où le précipice guette un eventuel faux pas... bref du gros et du lourd en prespective. Un équipe de pied cassé commence à se monter. Tifenn et Maud, toujours à l'affut d'un défi se prenne immédiatement au jeu. Si Maud a quelques randos au compteur, Tifenn à fait son premier et unique trek y a deux semaines dans le canyon du colca, mais elle a la foi et c'est ça qui compte. Mathieu et Anne-Laure, deux autres volontaires de passage à Panpachay sont de la partie: Perchés juste ce qu'il faut pour na pas se rendre trop compte du mur auquel on fait face.

L'idée est lancée et avec cette équipe de choc formée, va falloir y aller fort pour nous raisonner. Premier test chez Ricardo, notre guide officiel. Il a déjà fait ce trek avec des colègues il y a un petit temps. La sentence tombe : "Vous êtes cramés les copains, j'en ai chier et je suis guide moi, une star de la grimpette alors allez vous rhabiller avce votre équipe de doux rêveurs". Il nous file quand même les plans et les infos utiles pour le principe. On part un peu la queue entre les jambes. Ca avait l'air bien quand mème non... L'idée ca pourrait être d'aller jusqu'à Chokequirao et de voir après comment on se sens... Mais un soir sans prévenir, la motivation reprend le dessus, on va se le faire un point c'est tout.

(A partir de maintenant, faute de temps à passer devant un écran, je me suis permis de copier-coller le récit de Maud, qui m'a accompagné sur ce trek. Je ne manquerai pas de l'adapter à ce que j'ai vécu, un peu plus tard ....)

Tout a commence le samedi, pas le dernier, celui d'avant, ou nous nous sommes prepares, en tant que bon treckeur, a ce fameux treck Cachora Choquequirau Macchu picchu. Apres avoir parcourus les marches de la ville pour acheter un rechaud, une machette, des graines, des tonnes de pates chinoises, et tout ce qui est susceptble de gonfler avec de l'eau et de platrer l'estomac, nous sommes montés, tifenn, moi et maud, les sacs pesant trente kilos chacun, dans le dernier bus direction Cuzco.

C'est la que l'on a commence a remettre en question notre organisation, en s'engageant pour un treck de 8 jours, dans lequel meme un guide experimente nous parle de certaines montees dans un vocabulaire que je n'oserai retranscrire ici, avec des sacs aussi lourds et des jambes aussi peu entrainees, notre aventure excitante prenait alors une allure de suicide collectif. A cela se rajoutait le protocole de depart peu rassurant de la compagnie de bus, qui prefere en toute bienveillance nous filmer et prendre notre empreinte digitale, au cas ou....je suis restee une bonne heure sur mon siege a me demander ce que je faisais la et finalement mon corps ayant epuise toutes les reserves d'adrenaline a fini par se relacher pour trouver un peu de sommeil. Au petit matin nous avons rejoins a Cuzco Mathieu le cuisto et Anne Laure qui s'etaient finalement decide a faire le treck, deja un peu plus perspicaces que nous, leurs sacs etaient moins lourds. On saute dans le bus qui nous emmene a cachora, enfin presque, disons qu'il nous lache au milieu d'une route, a 10 minutes selon l'evaluation spatio temporelle des peruviens, qu'il faut ramener bien sur a l'echelle francaise, ce qui fait 4 heures. Cette premiere epreuve, qui ne faisait meme pas parti du treck, sacs sur le dos nous a tres vite donne la couleur de nos limites, tout rouge dans le dos. Mais nous etions partis un soir de pleine lune et nous savions que son influence positive apporterait un tournant dans cette situation plus que critique, nous avions alors cette intuition qu'a Cachora allait se produire ce fameux moment de grace. Il n'a pas fallut l'attendre longtemps, alors que nous nous ecroulions a la premiere porte, les negociateurs du groupe n'ont pas tarder a se renseigner sur les tarifs de location de mules.

Cela revenait a tout juste 100 soles chacun pour 8 jours, soit 25 euros par tete. C'etait au dela de nos esperances, surtout que depuis le debut, on nous avait dit que pour faire ce treck accompagne il fallait sortir 300 dollars minimum. Tout devenait alors possible, on esperait pas mieux, nous voila soulages des sacs, le mulier va nous guider et les mules vont tout porter! Sacrees betes de somme, elles nous rendent bien service, quand je rentre je m'en achete une! Dans l'affaire tout le monde etait heureux, le proprietaire des mules, nous, tout le monde sauf les mules! Une a tente de se venger par un coup de patte arriere sur mathieu qui a s'est vu passer a cote d'une luxation de la hanche grace a son packet de clopes, fumer sauve la sante. Mais une autre petite ombre commencait a ternir le tableau, aucun mulier ne voulait partir par cette saison, c'est que en ce moment c'est la saison des pluies et ce magnifique treck peut tout simplement se transformer en cauchemard. Finalement tres vite un gentil mulier, sous le nom de quimper, si c'est pas du signe ca, a decide de nous accompagner. Il avait deja tout le trajet et les etapes bien definies, nous partirons lundi et nous arriverons vendredi, nous nous restions un peu plus perplexes mais bon, si c'est lui qui le dit.

Apres une nuit un peu a l'etroit (trois dans une tente pour deux) mais tout de meme recuperatrice, nous nous reveillons aux aurores (avec un reveil bien sur, mon corps n'est pas encore tout a fait cale au rythme du soleil) frais comme des gardons et en pleine possession de nos moyens. Nous avions allegrement completer le ravitaillement la veille de pain, riz et surtout d'une petite bouteille de rhum (on s'en fout c'est la mule qui porte tout! avec quand meme un petit pincement de compassion pour cette brave bete). La premiere partie du treck avait tout l'air d'une balade, nous allions gaiement par les chemins dominant une vegetation verdoyante et le petit village de Cachora disparaissait peu a peu derriere nous. Nous avons fait une premiere rencontre, un couple de français transpirant jusqu'aux os qui rentrait de choquequirau (ce qui fait quatre jours de treck). L'echange fut rapide, juste le temps de nous confirmer la difficulte du treck et nous conseiller tres fortement d'avoir des batons! Effectivement, un autre detail que l'on avait omis. La deuxieme partie etait pour le coup presque de la rigolade, que de la descente. Il y a juste que au bout de quelques heures les muscles qui luttent contre l'apesenteur commencent a fatiguer serieusement, c'est souvent a ce moment la que les petits genoux se mettent a trembler pour supplier de faire une pause. Nous arrivons a un premier gite tienda qui s'avere etre un endroit propice a la pause casse croute. Nous sommes entoures d'avocatier, de goyavier, de citronier (je sens que je fais du barbarisme, comme dirait ma prof de latin de 3eme, sur le nom des arbres). C'est a cette premiere etape que je rencontre mon baton, il etait la juste sous mes yeux me scrutant de son air d'eucalyptus, j'ai su que c'etait lui. Depuis je ne le quitte plus. Bien sur au debut ce n'etait pour moi qu'un vulgaire bout de bois dont je craignais les echardes mais tres vite, c'est a dire a la derniere etape de cette premiere journee, il est devenu mon baton de berger, mon phallus manquant, mon vieux chene, mon mas de cocagne...(ok les derniers c'est de Brassens).

Sous une chaleur caniculaire nous commençions l'ascension de la fameuse grimpette de puta madre de notre ami guide. Ça tombait mal c'etait a mon tour de porter le petit sac a dos collectif, avec la chaleur en plus, je perdais du capital vie dans ce jeu video grandeur nature. Accrochee a mon baton je m'arretais a chaque virage pour regarder si la premiere plate forme, ou nous allions passer la nuit, se rapprochait. Je me concentrais sur mon souffle comme pour me persuader que je prenais bien de l'air mais la chaleur m'opressait les poumons et je commençais a me demander si je n'en avais pas perdu ou oublier en route. Finallement au bout de deux petites heures de montee qui m'ont paru plus bien sur, le petit hameau apparait. Nous sommes agreablement surpris par nos corps qui recuperent tres vite et nous nous precipitons vers les deux douches pleins airs, d'un cote les garçons, de l'autre les filles, entourees de bananiers. Une vrai douche de scout bien froide qui revigore et puis rien de tel apres un effort! La nuit est vite tombee, on a installe le campement et apres des ultimes efforts pour couper une grosse branche a la machette, nous sommes restes tout admiratifs devant notre premier feu! Nous avons passe la fin de soiree autour d'une bonne soupe agremente de riz a nous envoyer des fleurs; on assure grave quand meme.




































Nos estomacs satisfaits par cette bonne platree, nous ne tardons pas a nous coucher et a sombrer dans un sommeil profond. Reveil matin fut comme tous les matins; difficile, venant tout juste de retrouver le sommeil apres le reveil brutal des cris stridents de chats en pleine lutte de territoire. Apres une bonne bouillie de cereals gluantes agrementees de grumeaux, encore une mixture bizarre dont j'etais encore la seule a en apprecier les saveurs, nous plions le camp en quelques minutes qui se transforment tres vite en heures, notre technique de lever de camp etait loin d'etre au point. Nous comptions sur l'entrainement qui s'est avere finalement etre inefficace; nous ne releverons jamais de nettes ameliorations tout au long du trecking. Notre mulier, ayant developpe une tolerance exemplaire au fil de ses experiences de touristes inconscients et inexperimentes, tachera, tout au long du voyage, dans des sourires compatissants de camoufler son desapointement face a notre organisation matinale. Un bon 7H00 du mat sonne et nous voila enfin prets, chacun agrippe son baton d'une main ferme et decidee et nous nous elançons dans la pente montante, direction le sommet de la montagne. L'air est frais a point, les etirements de la veille ont fait leur effet, pas une courbatures a l'horizon et en plus ce n'est pas mon tour de sac, cette montee dont je me faisais une montagne, se transforme finalement en une bonne petite remise en forme matinale, je reussis meme a economiser un peu d'energie pour prendre des photos. Apres deux bonnes heures d'ascension, nous accueillons, neanmoins le panneau Maranpata (dernier village avant Choquequirau), les bras grands ouverts. Bon, on n'est pas encore au sommet mais d'apres le guide ce qui suit c'est comme de se lever le matin et de prendre une tasse de cafe! (traduction litterale d'une expression italienne).








Maranpata! Pas de pitie pour les galinetas! Il n'a pas fallut plus de deux jours de retour a la nature pour reveiller l'instinct chasseur et carnassier des entites masculines du groupe. Alors que j'etais en train de m'attendrir devant une maman poule et ses poussins, deux paires de crocs etaient deja en train de negocier le prix d'un magnifique coq. Outrées et ne voulant pas assister a cette mise a mort, nous pretextions de devoir prendre les devants pour accomplir notre devoir de femmes et effectuer la cueillette de le Mounia, une plante des montagnes qui fait de tres bon mate. Apres une bonne heure de marche, nous sommes arrives au camping du site un peu avant midi. Deja nous pouvions apercevoir les premieres terrasses incas en flanc de montagnes, mais le plus gros du site se trouvait au sommet, ca complique quand meme un peu les choses cette histoire de venerer le soleil et en meme temps ca en vaut l'effort! Les preoccupations de l'apres midi tournaient essentiellement autour de la nourriture, nous l'avons passee a cuisiner et a manger! Le coq, que Quimper a deplume en un tour de main, a pris progressivement une couleur apetissante sur notre systeme de broche 100% naturelle, et m'a fait oublier mes convictions de vegetarienne, oh il a eu une belle vie ce coq et puis je suis sure que aucune poule de la basse cour ne s'est apercu de sa disparition.

16H30, apres de bonnes ripailles et une douche froide, nous avons commences l'ascension vers Choquequirau. Nous avions le site partiquement rien que pour nous et les rayons du soleil couchant offraient un spectacle de la vallee a couper le souffle. Sur les lieux de cultes du site (encore un peu plus en hauteur!), nous admirions dans un silence religieux le soleil se couchant et laissant passer ses rayons a travers les apus, les montagnes sacrees protectrices qui forment les divinites de cette vallee. Le moment etait aussi intense que lorsque l'on decouvre le Macchu Picchu (pour ceux qui veulent eviter les rassemblements touristiques). Nous avons appris, plus tard, dans un musee a Cuzco qu'il ne fallait surtout pas rater en contre bas du site, 7 magnifiques sculptures murales de lama. Alors que nous passions a cote de ces oeuvres d'art, les ruines nous inspiraient pour nous exercer a la photo naturaliste, peut etre un de ces effets energetiques de ce lieu tellurique! Le retour fut rapide pour ne pas se faire surprendre par la nuit. Surtout que nous manquions cruellement de lampes de poches. J'avais epuise ma lampe frontale en la laissant allumee dans mon sac des la premiere journee (a moins que ce ne soit la mule qui se serait amusee avec, pendant que nous etions absorbes par la montee, je doute) , la dynamolumiere ne rechargeait pas et la lampe a petrole achetee sur le marche s'averait etre plus un objet de decoration plutot qu'un moyen d'eclairage. De retour au camping, nous avons fetes avec quelques bolinettes de rhum cette premiere etape achevee et avons tentes d'oublier a coup de chansons de colo autour d'un feu de joie, les deux prochaines journees qui nous attendaient et qui s'annoncaient comme les plus dures du treck!





























4H30! Reveil matin toujours aussi difficile! Apres trois prereveils, je reussis a reveiller notre joyeuse troupe du matin et a ejecter de la tente monsieur cuisto specialiste de la bouillie du petit dej. Nous n'avons pas decolle avant 7H00, decidement je ne sais pas ce que l'on faisait du temps mais il nous fallait plus de deux bonnes heures pour se preparer. En meme temps on n'avait pas les petits rechauds et toute la panoplie du campeur europeen, c'etait tout au feu de bois, du coup ca prenait un peu de temps pour rallumer les fourneaux. Bon au programme, monter en haut de la montagne, descendre cette meme montagne et remonter une nouvelle montagne, super ils auraient pas pu faire des ponts ces incas! Nous avons etabli plusieurs hypotheses quant aux moyens qu'ils utilisaient pour descendre et monter incessamment de pareils hauteurs, celle qui semble la plus propable est celle des Condors! Ils avaient du mettre en place un reseau de transport Condor, je ne vois pas d'autres solutions.

La journee a commence deja tres mal puisque l'on a demarre sur un quiproquo qui a separe notre groupe en deux. Anne Laure et mathieu, pensaient que nous les suivions s'engageant d'un cote et nous pensions les rejoindre en partant par le cote oppose. Finalement comme tous les chemins menent a choquequirau (en meme temps il n'y en a pas 36), nous avons fini par recuperer ce faux depart et rassembler notre troupe de vainqueur. Il etait 11h et des mulettes quand nous glissions notre gros orteils chaud bouillant dans le rio blanco rafraichissant que nous tendaient son bras en bas de la montagne! L'eau etait d'une limpidite incroyable et semblait comme nous appeler de son doux clapotement a travers les rocher. Notre cerveau ou plutot nos pulsions corporelles (le cerveau observant une baisse d'activite au fil des jours) ont fait ni une ni deux et nous nous sommes retrouves tous habilles en train de barboter dans cette piscine, washing machin naturelle. Instant parfait ou nous allions plaisir et tache quotidienne! Bien sur, Quimper etait deja loin avec ses mules et nos sacs, n'eprouvant pas le besoin de perdre du temps avec ces plaisirs de paresseux. Ils continuaient son chemin pensant que son evidence de la route sera evidente pour nous. Il n'en fut rien et ce rio blanco ne tarda pas a devenir le rio negro!


















Nous en etions donc au Rio Negro! Tous frais gardon nous reprenions notre chemin, avec quand meme un demi poil de remords vis a vis de Quimper de nous etre laisser aller de la sorte, mais non que dis je perds la tete, le remord c'etait pour la chaussette d'0livier, qui s'etait retrouvee emportee par le courant alors que son attention etait dirigee vers sa lessive de tee shirt. Ce fut un dechirement difficile pour le groupe qui commencait a s'attacher a ce petit morceau de coton, au minois de Quechua et aux odeurs de gouda. Les corps etaient revigores et les gourdes etaient remplie d'eau fraiche et delicieuse, sans gout de chlore! Le pont, ou plutot les deux planches branlantes qui nous permettaient de traverser ce rio, auraient du nous mettre en alerte du danger qui se profilait et de cette prochaine epreuve difficile qui nous attendait. Il nous fallait, a ce moment precis, trouver le chemin qui amenait au sommet de cette deuxieme montagne qui nous snobait de toute sa hauteur depuis le debut de la journee.

Il etait pas loin des 13H00 de l'apres midi, heure a laquelle nous etions senses arriver pour eviter d'effectuer cette derniere epreuve physique en plein cagnard comme il est fortement deconseille dans n'importe quel reliures de trecking. Je ne sais pas si c'est une histoire de structuration du temps qui differe d'une culture a une autre, ou si notre niveau de treck etait vraiment tres inferieur a la moyenne mais une fois de plus nous decevions Quimper dans l'objectif de la journee; faire ripaille en haut de la montagne. La nourriture devenait un sujet tabou, tant nous etions encore tres loin de la pause repas, c'est a dire en theorie a deux bonnes heures et demi de marche avec une realite toute autre (qui correspond toujours au double), qui etait de 5H00. En faite notre cher mulier ou muletier, avait oublie de prendre en compte l'heure qu'il nous fallait pour trouver le debut de ce satane chemin. Apres avoir elimine toutes les pistes possibles, en optant pour la technique de suivre les crottes de mules jusqu'a ce qu'elles n'apparaissent plus, et tout cela sous une chaleur caniculaire, nous avons fini par trouver un chemin qui paraissait comme le plus probable puisqu'il montait et qu'il semblait s'y dessiner des traces de sabots relativement fraiches. D'apres le soleil qui rayonnait bien haut dans le ciel et qui cognait sur nos chapeaux, il etait pas loin de 14H00 lorsque nous commencions la grande ascension et que nos reserves avaient plutot une allure de fin de journee; Il restait en tout et pour tout, un quart de litre d'eau par personne, 5 pruneaux et trois noix de pecan. Nous pouvions au moins nous rassurer sur un point, le sac etait leger!

Vaillant comme des inconscients nous nous engagions sur cette pente, le nez dans la poussiere et les jambes lourdes comme des batons de fer. Il n'a pas fallut plus d'une heure pour que chacun, a moitie vide de son eau corporelle commence a tourner de l'oeil et a montrer des signes de faiblesses par des chutes de tension a repetition. C'est en retrouvant Mathieu, assis en bordure du chemin, nous annoncant qu'il attendait la mort et qu'il etait surpris qu'elle ne soit toujours pas la, que l'on s'est dit qu'il fallait prendre une decision. C'est alors que nous entrevoyions trois possibilites pour survivre a cette epreuve que la pachamama nous imposait la; redescendre a la riviere pour y passer la nuit, par contre sans rien a manger mais beaucoup a boire, s'acharner a monter sous ce soleil et trepasser, ou attendre que le soleil soit moins fort pour continuer a grimper et avoir des chances de pouvoir admirer la vue du sommet en debut de soiree. La derniere fit l'unanimite et paraissait etre la plus sage. Apres avoir choisi un coin a peu pres ombrage, nous nous sommes ecroules, chacun allant de sa technique pour detourner son attention sur son envie insatiable d'agua! Alors que Anne laure faisait passer l'eau dans sa bouche pour se donner l'impression de boire, j'avais obte pour une sublimation de mon energie pulsionnelle vers ce besoin instinctuel d'eau en energie creative dans le domaine de la photo. C'est alors que j'ai passe une bonne heure a photographier batons et chapeaux dans des mises en scene stylisees, jusqu'a ce que ma sensibilite de photographe avertie s'emeuve de l'air triste et nostalgique du pied d'Olivier venant de perdre sa chaussette.




J'en etais donc a ce moment de repli autistique de chacun, perche au milieu de la montee, a attendre que le soleil veuille bien commencer a s'eclipser. Comme vous pouvez le constater cette situation critique s'est finalement arrangee progressivement. Le soleil declinant et les petites brises de vent se faisant plus regulieres, nous avons pu reprendre la route d'un pas lent, tres lent mais surement. Petit pas clopi clopant, une bonne heure etait passee avant que le miracle ne se produise; Quimper se dirigeait vers nous, tout sautillant et brandissant comme un trophe, des bouteilles remplies d'eau. Nous n'osions pas en croire nos pupilles, surtout Anne laure qui depuis un moment luttait contre ses hallucinations qui lui faisaient voir une mule a chaque virage. "Si vous voulez, je peux vous preparer a manger, comme ca c'est pret quand vous arriver!": en une phrase, notre mulier, faisait disparaitre toute la rancoeur accumulee depuis le rio Negro, pour ne pas avoir ete plus explicite sur l'itineraire.

C'est alors que notre relation a Quimper a bascule, il devenait le Pere respecte de tous pour lequel chacun vouait une grande admiration. A peine, nous relevions le nez de la bouteille d'eau, que deja, il n'etait plus qu'un point dans la montagne, approchant de notre refuge tant attendu qui etait sence n'etre plus qu'a une petite demi heure de la ou nous etions. Au bout d'une heure, le village apparu enfin. De sa hauteur nous pouvions admirer les derniers rayonnements sur la vallee qui ressortait d'autant plus nettement que le ciel etait obscure et charge d'electricite. Ce village qui avait surtout l'air d'une fermette, nous decevait un temps soit peu, car nous devions repousser une fois de plus notre envie de chocolat, la pseudo tienda n'en vendait pas un seul morceau de quelque forme que ce soit. Mais, bon, la frustration passa tres vite, nous etions mort de faim, un kloug aurait pu nous remplir l'estomac de joie. Apres un ultime effort pour monter la tente nous pouvions enfin mettre les pieds sur la table. Finalement au menu ce fut, soupe de nouilles chinoises en entree et spagghettis en plat.

Apres un bon digestif de Fanta accompagnee de la sensationnelle cigarette du soir, nous nous ecroulions de toute notre carcasse saucissonnee dans le sac de couchage avec l'intention ferme de decoller cette fois a 6H30 dernier cara, plus question de se faire surprendre par le soleil.

4H15, le reveil sonne, je pousse un premier cri pour prereveiller tout le monde. Le coq des lieux ne tardent pas a m'accompagner de son cocorico beaucoup plus affirme. J'en suis a mon 5 eme reveil, j'ai envie d'eclater le cocorico et pas un seul de mes compatriotes n'a bouge d'un petit doigt de pied. Je regarde au dehors de la tente, il fait tout noir et Quimper n'est toujours pas reveille. Je ressens alors un grand moment de solitude qui ne tarde pas a reveiller ma sensibilte et mauvaise humeur matinale! Je me decide finallement a sortir et a prendre le petit dejeuner en main puisque Olivier le cuisto semble clairement faire la greve du reveil. Ne sachant toujours pas allumer un feu, je deploie un de mes plus grands atouts qui est l'assistanat et m'en vais trouver de l'aide aupres de Quimper.










La troupe finit par se reveiller et apres une bonne platree de bouillie, nous finissons par decoller aussi tard que d'habitude. J'en etais a cette matinee du 4 eme jour ou je m'etais reveillee d'une humeur de mule. Mes ronchonnements ont fini par s'espacer pour laisser place a une meditation active, je n'avais pas d'autre choix, en realite; la vue etait bouchee et mon appareil photo n'avait plus de batterie. Mais tres vite une rencontre inattendue est venue me sortir de cette introspection matinale; Myriam, une petite fille d'a peine douze ans, qui rejoignait tout simplement le meme village que nous pour ne pas rater sa demi journee d'ecole quotidienne. Cette nouvelle nous interloquait quelque peu, puisqu'il s'agissait d'une marche de 5 bonnes heures avec un passage a un peu moins de 4000 metres d'altitude.

Cette randonnee qui etait pour nous comme une des plus grandes epreuves du treck, n'etait pour elle qu'une bonne promenade hebdomadaire voire quasi quotidienne. Elle se montrait toute contente d'avoir pour une fois des personnes avec qui partager sa balade et j'ai tres vite pu constater, au "merci beaucoup" qu'elle enonçait fierement des que l'occasion se presentait, que nous n'etions pas les seuls français qu'elle rencontrait. Tres vite j'ai saute sur l'occasion de pouvoir bavarder avec une autochtone et m'interresser d'un peu plus pres a cette region, par exemple si on pouvait rencontrer des ours. C'est alors que j'ai pu constater le cote peu sportif de ces gentils nounours qui ne se donnaient pas la peine de monter si haut pour faire peur a quelques touristes egares! J'avoue avoir commence a ressentir une once de regret dans cette rencontre avec Myriam lorsqu'elle a commence a me reclamer des chansons en français en pleine montee!

Apres avoir epuise, dans des grandes reprises de respiration, mon repertoire de Walt Disney, j'ai eu la chance d'ecouter sa jolie voix entonnant du quechua. Son tour de chant tombait a pique, nous commençions a prendre de l'altitude, et je ne me serai pas vu tenir le chant plus longtemps! Apres plus de 2 heures d'escalade, nous commençions a apercevoir le fameux sommet de la journee qui annonçait la delivrance de la descente. L'air se faisait plus frais, mon grand dilemme des hauteurs refaisait surface; avais je chaud d'effort ou froid d'altitude? Ne sachant pas quoi choisir, je decidais d'occuper mon temps et ma pensee a enlever et remettre ma polaire. Le sommet n'etait plus qu'a quelques metres que Tifenn se voyait reprise de son mal d'altitude; des bouffees delirantes aigues completement inoffensives pour son entourage qu'elles manifestaient par de grands eclats de rire en solitaires, c'etait meme plutot sympas ça faisait de la joyeuse compagnie! 3800M, apres un moment de rencontre et d'echanges avec mon echo dans la montagne ( je ne l'avais jamais entendu aussi clairement), je finissais par rejoindre la troupe et fouler du pied le sommet tant espere, Tifenn me suivait de pres dans de grands eclats de rire.

Apres une pause biscuits mous et contemplation, nous reprenions vite notre route car Qimper etait bien decide a nous accorder la pause casse croute qu'une fois arrives a destination. Et puis il avait bien raison, on ne se voyait pas essayer d'allumer un feu en plein vent frais, vent des andins. Nous sommes rereredescendus a grandes foulees interrompues de chutes regulieres; la fatigue commençait a se faire serieusement sentir et ma cheville droite ne se remettait pas d'une mauvaise rencontre faite la veille. Comme toute blessure, elle fut tres ridicule et causee par le regard insitant d'une vache, detournant mon attention qui provoqua un mauvais trebuchement. Mais bon, il n'y avait rien de casser alors je ne pouvais pas encore exiger une place sur le dos des mules. Tres vite nous sommes arrives au petit village et avons aperçu l'ecole et les differentes petites maisons au toit de chaume fumant (pas besoin de faire une cheminee!). Il etait 14H00 et le soleil, entre deux petites averses, faisait ressortir le vert lumineux de la vallee. Myriam nous avait deja devances depuis un bon moment, nous laissant sans adieux, c'etait peut etre mieux. L'autre point plus genant, c'etait que Quimper aussi avait disparu de l'horizon depuis un moment et comme toujours des qu'il ne s'agissait plus d'un chemin bien trace nous nous sentions tout egare, le nez cloue au sol a guetter le moindre coproindice qui nous donnerait la direction a prendre.

Nous avons fini par apercevoir un point rouge s'animant au loin; la casquette rouge de notre mulier, nous etions sauves! Il nous faisait signe de le suivre jusque chez ses amies qui nous accueillaient genereusement, en nous laissant utiliser leur rechaud et installer les tentes dans leur jardin. Nous avons manges, au milieu des couilles (qui correspond au cochon d'inde et dont ils se regalent regulierement) un bon repas de pates au maquerau. Nous avons passes la fin de journee a prendre une douche morcelee et bien fraiche dans le rio d'a cote et a faire du shopping dans la tienda. Apres un bon feu de bois, le constat de l'inconsommabibilite des pommes de terres seches qui gonflent a l'eau ( meme moi je n'ai pas pu!) et les chansons de Mano Solo chantees a tue tete, nous nous sommes endormis avec des projets futurs tres lumineux; au retour Tifenn et moi installons la tente dans le salon pour que nous ayons notre chambre, en oubliant pas d'y accrocher a l'entree, un foetus de lama pour eloigner les mauvais esprits!










J'en etais a cette aube du 5eme jour ou nous etions de bon pied bon oeil, prets pour de nouvelles aventures. C'etait une matinee fraiche et humide puisqu'il avait plu a grandes eaux une bonne partie de la nuit et j'avais eu le joyeux reveil de realiser que j'avais laisser ma serviette dehors. Bon, une note positive dans tout ca, la tente nous prouvait sa resistance a toute epreuve et nous pouvions entierement lui faire confiance, nous n'avions pas ete mouilles d'une frisette. En plus, Quimper etait pleins de bonnes nouvelles du matin, la journee s'annoncait moins difficile que les autres, nous allions grimper 1Km de denivele mais sur une longue distance et la cerise sur le gateau, c'etait que nous finissions la journee a tremper dans des eaux thermales en pleine nature. Voila une bonne carotte qui assurait que l'on arrive a temps, avant la nuit, au prochain lieu de camp. La premiere partie du chemin ressemblait bien a ce qu'il nous avait decrit; nous montions doucement en traversant des clubs de rencontres bovins (et oui c'est l'ete ici avec la saison des accouplements!). Au bout de deux petites heures de marche, nous commencions a apercevoir, dans notre etonnement d'enfant, les premiers flocons de neige.

C'est a ce moment la que le chemin a pris subitement une bonne inclination, en nous amenant a 4800m en une petite heure. De la verte vallee, nous nous retrouvions perches en plein sommet enneige. Tout juste le temps de sortir le kit doudoune et accessoirs alpaca que nous grelottions de tout nos doigts. A peine avoir fait quelques photos souvenirs, finis les reserves d'encas en admirant la vue panoramique, que nous avions la neige aux fesses et l'envie tres pressante de voir de plus pres la prochaine vallee, tout en bas, qui nous tendait les bras de toute sa verdure. Dans sa serviabilite sans limites, Quimper nous a propose de deroger, une fois de plus, au contrat de depart, en nous prosposant de nous preparer le dejeuner pour que tout soit pret quand on arrive. Cette petite entorse au contrat de depart, qui stipulait que ce soit nous qui fassions a manger au guide, nous complexait aucunement et nous trouvions son idee excellente. A peine passe le col que deja nous l'avions perdu de vue, il avait vraiment un quelqu'un chose de paranormal ce cher mulier.

Apres deux bonnes heures de descente, qui ne devait durer qu'une, un grand debat sur le chemin a suivre ayant quelque peu freine l'equipe, nous mettions enfin, les pieds sous la table et faisions la connaissance rapide de nouveaux amis du village. Quimper a tente une fois de plus de nous faire manger les patates regonflees a l'eau, mais rien y a fait, il fallait que l'on soit au bord de mourir de faim pour avaler un truc pareil et puis, au grand heureusement il n'y avait pas que ca au menu. Comme d'habitude, le repas se finissait pour moi sur un gout de trop peu, il manquait toujours ce petit bout de sucre a se mettre sous la dent. Mais un heureux evenements iminents allaient resoudre cette petite frustration et realiser le reve qui nous poursuivais depuis quelques jour. Nous n'osions croire le "Oui" de la madame de la Tienda a notre incontournable question; "est ce qu'il y a des gateaux au chocolat!". Les yeux sortant des orbites et les babines n'en pouvant plus de saliver, nous rassemblions les derniers soles pour faire une rasa de chocolat. Grand moment de bonheur que ce premier croc dans l'epaisseur du premier carreau, a donner autant de frisson que la premiere gorgee de biere! Apres l'orgie de chocalat, les compteurs etaient remis a 0, l'itineraire finale, malgre le chemin vertigineux et a peine plus large qu'une mule, devenait une veritable partie de gateau se finissant par une fondue dans les eaux thermales.

La nuit fut toute aussi magique avec un spectacle inattendu de lucioles qui brillaient de milles petits points dans la nuit noire qui nous entourait.




































J'en etais au 6ieme et dernier jour avec Quimper, nos chemins allaient se separer sur playa. Bon, normalement c'est un treck qui se fait en 8 jours mais faute de mulier, de temps sec et d'experience en tronçon de treck peligroso, nous avions pris la decision raisonnable de retrouver la vie civilisee et de rejoindre Agua Calientes, la ville touristique au pied du Macchu Picchu, par bus, taxi et par randonnee pedestre sur voie ferree.

En ce matin du 6ieme jour, nous avions bien en tete que c'etait la derniere, au grand heureusement car le reveil fut difficile enfin disons apres le bain d'eau chaude que j'ai reussi a reprendre des le lever. Grand moment de bonheur que de se baigner torse nu dans une eau brulante en pleine nature, quand tout le monde dort encore et que au dehors il fait tout froid, tout pluvieux! Par contre la sortie etait deja moins transcendante; pas moyen d'allumer le feu pour faire un cafe, pliage de tente sous une pluie mouillante et chaussures de marche pas plus seches que les affaires qui avaient passees la nuit dehors. Avec une energie de rantanplan et des yeux de chiens battus, l'equipe de Panchos Quechua s'en va chouikant chouikant, le ventre vide et la patte boiteuse; chacun faisant le bilan, dans un silence de mort, des frustrations et des contrarietes du matin; la bouillie avec grumeaux me manquait terriblement, tifenn ne se remettait pas de son absence de cafe du matin et Mathieu etait desole pour sa soupe chinoise dont il parlait depuis la veille.

Bref, la pluie avait rapidement rafraichit la bonne humeur de la troupe! Finalement, au fil des nombreuses epreuves de ponts en tout genre a traverser, l'ego de chacun fut regonfle et le barometre affichait un rechauffement de l'athmosphere ambiante! Au bout de deux heures de marche, nous faisions la pause petit dejeuner, tant attendue et promise par Quimper, dans un camping. Mais bon, nous etions plus trop mort de faim, puisque que l'on avait pu s'approvisionner en chocolat dans les tiendas qui, a mesure que l'on approchait de la civilisation, se faisait de plus en plus frequente. Apres une bonne soupe chinoise et une discution dechainee sur Mila jovovitch, a ce niveau de treck ma feminite branlante avait besoin d'exterioriser sa frustration sur une sexywomen. Nous n'etions plus qu'a une heure, lorsque que nous reprenions notre route sous un soleil encourageant.

Playa, nous y voila, nous franchissons la ligne d'arrivee acconpagnes par une horde de mouches collantes et piquantes, concurançant largement les moustiques. Ne trouvant plus de place sur les parties inferieures de peau, ces petites sang sue volantes, n'avaient aucun complexe a s'attaquer au reste du corps! Apres avoir slalomer entre les entourloupes de taxi et avoir pris les dernieres photos souvenirs avec notre cher Quimper, nous le regardions s'en aller, emportant sous son bras le chiot loup ourson qui ne nous a pas quitte depuis notre rencontre coup de foudre pendant les bains d'eaux chaudes. Nous avons ensuite pris bus et taxi pour rejoindre hydro et recuperer prendre le chemin alternatif qui mene a Aguas Calientes. Et oui, c'est qu'il n'y a pas de routes qui menent jusqu'a cette ville 100% touristique, dont toute l'economie tourne autour de la grande attraction du Macchu Picchu.

Apres deux bonnes heures a essayer de marcher sur les planches irregulieres de la voie ferree, comme rando c'est pas tres excitant mais disons que ça permet de reduire fortement le budget da la visite du Machu Picchu, nous arrivons dans aguas calientes. Les yeux nous sortent des orbites tant le spectacle parait irreel; on se croirait dans un vrai decor holywoodien, ce doit etre pour ne pas oublier que c'est un americain qui a decouvert le site. Apparemment nous devons faire le meme effet que cette ville a nos yeux, les touristes nous regardent comme si nous etions des betes de foire, cela nous fait prendre conscience de la drole d'allure que nous avons adoptee au fur et a mesure du treck. Apres nous etes finalement decides sur l'hotel, nous nous avons reussis, en quelques minutes, a transformer la chambre aseptisee en un veritable campement de gitan! La douche froide fut decevante mais la pizza tres recalorisante, la journee se termine en allongeons allegrement tous nos muscles engourdis dans un bon lit pour une petite nuit; reveil 4H00.